Entre janvier et novembre 2024, 18 cas d’atteintes à la liberté de la presse et de violations des droits des journalistes ont été documentés à Goma par l’association des femmes des médias AFEM en sigle dans le cadre du projet Une presse libre, professionnelle, inclusive et plurielle pour l’accès de différentes couches sociales à l’information fiable au Nord et Sud-Kivu.
Soutenu par l’ambassade d’Allemagne en RDC, ce projet a mis en lumière des agressions croissantes, des menaces et même un meurtre, touchant 13 hommes et 5 femmes journalistes, dans un contexte où leur sécurité est gravement menacée.
Détaillant les cas dans une conférence de presse organisé au centre de presse de l’UNPC Goma, Madame Rose Mathé a indiqué que les faits recensés incluent des menaces de mort répétées, des agressions physiques et des vols.
» Un journaliste de Radio UB FM a reçu des menaces sur plusieurs lignes téléphoniques, tandis qu’un autre, travaillant à Bora FM, a vu son domicile pris d’assaut par des bandits armés. En septembre, Edmond Bahati, coordonnateur de Radio Maria, a été tragiquement assassiné par des individus non identifiés. Des femmes journalistes n’ont pas été épargnées, certaines étant brutalement agressées sur le terrain ou dans leur quotidien, simplement à cause de leur métier. » Indique-t-elle.
Ces incidents révèlent une situation de plus en plus préoccupante. Les journalistes de Goma sont exposés à des menaces et des violences quasi quotidiennes, particulièrement lorsqu’ils couvrent des sujets sensibles. Le manque de sécurité, exacerbé par la présence d’individus armés parfois en tenue militaire, complique davantage leur travail et renforce le sentiment d’impunité des agresseurs. Cette crise met en danger non seulement les professionnels des médias mais aussi le droit à une information libre et fiable.
Face à ces défis, des recommandations ont été émises. Les autorités sont appelées à appliquer strictement les lois protégeant les journalistes et à adopter des politiques de sécurité adaptées. Les responsables des médias doivent aussi revoir les horaires de travail pour limiter les déplacements nocturnes et collaborer étroitement avec leurs équipes pour garantir un environnement de travail sécurisé.
Par ailleurs, les journalistes sont invités à adopter des mesures préventives. Porter des identifiants, éviter les zones à risque, et respecter les normes éthiques et professionnelles sont des pratiques essentielles pour minimiser les dangers. Ils doivent également veiller à leur propre sécurité en analysant les risques avant tout déplacement et en rentrant chez eux à des heures jugées sûres.
Enfin, les défenseurs des droits humains ont un rôle crucial à jouer. En sensibilisant la communauté au respect des droits des journalistes et en publiant régulièrement les cas d’atteintes à la liberté de la presse, ils contribuent à bâtir une société où la liberté d’expression est respectée. L’urgence est de protéger ces professionnels, garants d’un droit fondamental : l’accès à une information libre et impartiale.
Par Gloiredo Ngise, Goma