Le principal parti d’opposition ougandais, la Plateforme d’unité nationale (NUP), a annoncé ce mercredi 25 juin 2025 la candidature de son leader, Bobi Wine, à l’élection présidentielle prévue en 2026. Déjà candidat en 2021 face à Yoweri Museveni, l’opposant emblématique entend de nouveau défier l’homme fort de Kampala.
Âgé de 80 ans, Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, a confirmé deux jours plus tôt son intention de briguer un nouveau mandat, prolongeant ainsi un règne de près de quatre décennies. En réaction, la NUP a officialisé la démarche de son président.
« Le président de notre parti, Robert Kyagulanyi (le vrai nom de Bobi Wine, NDLR), a soumis aujourd’hui une expression d’intérêt pour concourir à la présidence de l’Ouganda », a déclaré Lewis Rubongoya, secrétaire général du parti. Il a précisé que Bobi Wine avait remis les documents nécessaires, qui seront examinés dans les jours à venir.
Lors d’une prise de parole à Kampala, Bobi Wine, âgé de 43 ans et ancien chanteur populaire, a appelé ses partisans à l’unité : « Nous devons nous rassembler derrière lui, cette fois-ci pour que le changement advienne en Ouganda. » Figure montante de la contestation, il incarne depuis plusieurs années l’espoir d’une alternance face à un pouvoir qu’il qualifie de répressif.
Bobi Wine a été à plusieurs reprises arrêté, harcelé ou assigné à résidence. Son principal opposant, Muhoozi Kainerugaba — fils de Yoweri Museveni et chef de l’armée — l’a à maintes reprises publiquement menacé. En mai 2025, ce dernier avait déclaré avoir capturé Eddie Mutwe, chef de la sécurité de Bobi Wine, et l’avoir retenu dans son « sous-sol », l’utilisant comme « punching-ball ». Il avait lancé à Bobi Wine : « Tu es le prochain ». Eddie Mutwe a ensuite été libéré, mais l’opposant a dénoncé les tortures infligées à son garde du corps.
Autre figure majeure de l’opposition, Kizza Besigye, ancien médecin personnel de Museveni et candidat malheureux à plusieurs présidentielles, a été enlevé au Kenya en novembre 2024. Accusé de trahison, un crime passible de la peine de mort, il a d’abord été déféré devant une cour martiale avant que son dossier ne soit transféré à un tribunal civil en février 2025.
Par ailleurs, une loi récemment promulguée par le président Museveni autorise désormais les tribunaux militaires à juger des civils, ce qui suscite de vives critiques au sein de la société civile. Les Nations Unies ainsi que plusieurs ONG de défense des droits humains ont exprimé leur profonde inquiétude quant à la dérive autoritaire du régime, à l’approche du scrutin présidentiel de 2026.
Rédaction