Depuis le jeudi 23 janvier dernier, les affrontements entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le groupe armé M23, appuyé par l’armée rwandaise, se sont intensifiés aux abords de Goma, exacerbant une situation déjà précaire. Les combats ont entraîné une augmentation alarmante du nombre de déplacés dans la capitale provinciale du Nord-Kivu, déjà coupée de ses zones d’approvisionnement en produits vivriers.
Dans ce contexte humanitaire et sécuritaire difficile, Africa Tulinabo, une jeune artiste stylographe originaire de Goma, a dévoilé une œuvre poignante illustrant les conséquences de ce conflit sur les enfants.
La situation sécuritaire et humanitaire à Goma continue de se détériorer, avec des femmes, des enfants et d’autres groupes vulnérables qui souffrent le plus des effets de cette crise. Les organisations humanitaires signalent un besoin urgent d’assistance, alors que les ressources deviennent de plus en plus rares.
« Les affrontements en cours prouvent la nécessité d’une solution durable pour mettre fin à ce cycle de violence, afin de protéger les populations civiles et de restaurer la paix dans cette région durement touchée », explique-t-elle, le visage marqué par l’inquiétude.
Tulinabo illustre avec intensité les conditions de vie difficiles des enfants et des autres vulnérables pendant cette période de combats. « À travers des traits délicats et expressifs, l’image dépeint des enfants affamés, qui semblent quémander de l’aide. Leurs corps frêles et leurs visages marqués par l’angoisse témoignent de la violence et de l’instabilité qui les entourent », renchérit-elle.
L’art comme ralliement
Africa Tulinabo est une artiste émergente de Goma, qui utilise son art pour sensibiliser le public aux réalités tragiques de son environnement. Elle s’inspire des expériences vécues par les enfants et les familles touchées par la guerre, transformant leur douleur en une forme d’expression puissante. Par son travail, elle espère éveiller les consciences et inciter à l’action.
« À travers mon art, je rappelle au monde que ces enfants méritent un avenir meilleur, loin des conflits et de la souffrance. Cette œuvre invite chacun à réfléchir sur la nécessité d’agir pour protéger les plus vulnérables et contribuer à la paix et à la stabilité dans la région », ajoute-t-elle, les yeux humides de larmes.
Des cris de détresse à Goma : L’art parle plus haut
La situation humanitaire est alarmante à Goma et dans ses environs. Depuis janvier, les affrontements ont pris une tournure inquiétante. De nombreux enfants et femmes sont contraints de quitter leur foyer, exposés à la faim, aux maladies et aux traumatismes psychologiques.
Selon l’ONU, plus de 400 000 personnes se sont déplacées depuis début janvier, aggravant encore la situation humanitaire dans la région.
Parallèlement, le nombre de blessés de guerre a considérablement augmenté à l’hôpital de Kyeshero, une structure sanitaire gérée par le CICR à Goma depuis la reprise des hostilités jeudi dernier à Sake.
« Alors que la situation sécuritaire se détériore autour de Goma, nous avons augmenté notre capacité de 145 à 200 lits pour prendre en charge les blessés qui continuent d’affluer à l’hôpital de Ndosho. 120 blessés sont arrivés entre hier jeudi et ce matin, portant le total à 250 », a écrit sur son compte X François Moreillon, chef de la sous-délégation du CICR en RDC.
Ainsi, Africa Tulinabo appelle tous les artistes à rester résilients et à mettre en avant leur expertise pour dénoncer cette escalade de violence.
« Dénonçons ensemble ces actes odieux avec nos plumes. Il est encore possible de surmonter cette crise », conclut-elle.
Par KATEMBO MBUTO Victoire