L’intensification des affrontements autour de Goma, entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés d’un côté, et les rebelles du M23 de l’autre, a provoqué d’importantes coupures d’électricité dans la ville et ses environs, notamment dans le territoire de Nyiragongo. Les combats, concentrés autour de la cité stratégique de Saké et sur plusieurs fronts, plongent Goma dans une obscurité pesante.
Une journée sous tension
À Goma, malgré la gravité de la situation, la population s’efforce de maintenir un semblant de normalité. Les habitants poursuivent leurs activités quotidiennes, bien que la tension soit palpable. Privés d’électricité et confrontés aux bruits des affrontements, nombreux sont ceux qui se précipitent vers les points de recharge pour leurs téléphones.
Les moteurs thermiques, devenus indispensables, alimentent ces points de recharge. Le coût d’une recharge varie entre 500 FC pour un téléphone et jusqu’à 1000 FC ou plus pour une power bank. Ces tarifs élevés n’ont pourtant pas dissuadé les Gomatraciens, comme en témoigne Madame Charmente, rencontrée dans le quartier Mabanga Nord :
« L’important est de trouver de l’énergie pour connaître la situation sécuritaire autour de nous. Maintenant, je vais rapidement appeler mes proches et m’informer. »
L’obscurité et la résilience
Malgré les coupures, la résilience des habitants reste remarquable. Si certains secteurs, comme les salons de coiffure, souffrent de l’absence d’énergie, d’autres, tels que les points de recharge et les vendeurs de maïs grillés, tirent profit de cette situation.
Dans le quartier Katoyi, un tenancier de point de recharge confie :
« Il n’y a plus de place. Si vous avez votre chargeur, la recharge coûte 500 FC. Sans chargeur, il faudra patienter et payer 1000 FC. »
Les rues de Goma, habituellement éclairées, sont désormais plongées dans l’obscurité, où seuls les bourdonnements des moteurs thermiques et les lumières des points de recharge improvisés créent une ambiance singulière.
Inquiétude et adaptation
Cependant, cette résilience cache une profonde inquiétude. Bernadette, une ménagère de Majengo-Buhene, s’inquiète :
« Je ne sais rien sur la guerre. Rien ne fonctionne, la plupart des radios sont injoignables. Je n’ai ni braise, ni farine. »
Même les enfants, malgré leurs jeux, ressentent la gravité de la situation. Benjamin, un jeune garçon, confie :
« Le directeur nous a renvoyés de l’école. Maintenant, on ne sait rien sur la reprise des cours. »
Espoir et solidarité
Face à cette crise, les autorités locales tentent de rassurer la population. Le vice-gouverneur du Nord-Kivu, Jena-Rumuald Ekuka Lipopo, a lancé un message d’espoir lors du comité provincial de sécurité :
« La mort de notre gouverneur ne doit pas nous décourager. Ensemble, nous vaincrons l’adversaire. La population doit rester unie et déterminée. »
Un peuple déterminé
Malgré les défis, les habitants de Goma font preuve d’une remarquable solidarité et d’une détermination sans faille. Entre incertitude, adaptation et espoir, ils illustrent une fois de plus la résilience d’un peuple confronté à l’adversité.
Par Katembo Mbuto Victoire